La statue d'Athéna

Le sanctuaire venait de s’éteindre dans la pénombre de la nuit après avoir écoulé un journée de plus des temps heureux et enjoués. Les constellations zodiacales s’illuminants les unes à la suite des autres précédées par la première lueur céleste, l’étoile dites du Berger, celle qui depuis des temps immémoriaux donne chemin aux égarés. Tout n’était qu’havres de paix et de complaisances et pourtant, dans l’ombre se tapissait attendant son heure, tout comme le fauve sur sa proie , la plus violente des guerres que l’humanité allait connaître. Les valeureux chevaliers, protecteurs de la justice et bâtisseurs du destin auraient une fois de plus la ferveur de reprendre les armes ,eux qui avaient déjà tant souffert par le passé, ils devraient faire brûler fois encore leur cosmos pour pourfendre de leur pied la terre et déchirer les Cieux de leur poing, et ainsi ramener l’équilibre imploré par les hommes. Telle est la tâche si lourde soit-elle de ces chevaliers de l’espoir qui étaient soutenus dans leurs combats indécents par celle à qui ils ont jurés fidélité et vie, Athéna, la vierge guerrière.

La douce protectrice de l’humanité allait bientôt reprendre le flambeau et les directives qui étaient siennes ,chasser les ombres maléfiques qui se déversaient inlassablement sur la Terre.
Athéna venait de réintégrer l’enceinte du Sanctuaire depuis peu et s’était dès lors assoupit dans son temple, point le plus haut et protégé des lieux.
Allongée de tout son corps sur la frêle stèle qui composait sa couche dans ses appartements, la jeune femme endormie à la peau blanche comme neige et à la chevelure violine fut tirée des bras de Morphée par un mauvais rêve.Elle ouvrit les yeux doucement et prit la tâche s’en méditer de se mettre debout faisant coulisser dans un bruit sourd ses fines jambes recouverts de son habituelle robe de soie blanche. Ses pas touchant sol,Athéna se dirigea délicatement et harmonieusement vers la sortie des murs qui constituaient les remparts de son temple.
A l’air libre,elle put sentir la douce brise qui soufflait légèrement actuellement sur les plaines assagies du Sanctuaire, celle-ci lui levant avec grâce sa longue chevelure les faisant onduler tout autour de sa personne qui s’imposait tout sa grandeur sur les dalles grisâtres. La jeune femme quelque peu soucieuse de son songe regarda avec bienveillance les douze antres qui se dévoilaient au fur et à mesure de son avancée.

Ainsi, elle se frotta doucement les mains, sentant au plus profond d’elle-même que un à un ses chevaliers reprenaient place dans leur demeure respective, elle avait déjà ressenti l’aura bienveillante de Shaka, ou encore la fureur du lion d’Aiolia, même Orphée avait réapparu,d’ailleurs Athéna lui portait une affection sans failles du fait qu’il était avec Saga, le protecteur qui l’avait vu démuni de défenses, lorsqu’elle n’était encore qu’un bébé.Ses oreilles lui rappelaient souvent ces mélodies si douces à son cœur, ô combien elle l’aimait l’entendre jouer, un vrai virtuose dans toute sa splendeur, elle ne l’oublierait jamais quant il venait se pencher sur son berceau lyre en main, jusqu’à que tout cela ne disparaisse, fruit de l’éphémère

Elle soupira en repensant à ce moment si douloureux de sa vie, néanmoins cela lui avait permis de vivre une enfance heureuse, baignée d’amour et d’amitié, jamais elle ne le regretterait.Un sourire radieux s’afficha sur son visage, tendis qu’à cette pensée, elle se remémorait les yeux clos tous ses beaux souvenirs, qui faisaient battre son cœur doucement, cependant elle fronça les sourcils percevant en Sanctuaire une aura étrangère.Qui cela pouvait-il bien être ?Cette personne était une femme assurément, son cœur lui, semblait déchiré par un passé douloureux et un actuel de noirceur .Plus de doute, Athéna avait mis un visage ainsi qu’un nom sur cette égarée en terre sainte.Mais la déesse ne fut pas soucieuse de cela, Orphée semblait bien la connaître de par ses années passées en Enfers et puis elle ne portait aucune haine ou mépris à son égard.
La nuit se faisait douce et calme pourquoi la gâchée avec un combat inutile, Pandore n’était pas venue ici chercher querelle, les pensées que son âme donnèrent à Athéna cette idée-ci. Ainsi elle n’en ferait rien, la prêtresse du monde souterrain pourrait rester autant de temps qu’elle le désirerait, personne ne viendrait lui porter offense, et même si elle attentait à quelque conque acte ; Athéna n’aimait pas les combat depuis tout temps, cela ne serait pas encore le cas aujourd’hui.

La jeune femme ré-ouvrit ainsi ses yeux avant de regarder fois encore en contre bas, il semblerait qu’un seul de ses protecteurs viendrait la voir, l’entretient avec Aiolia se fera donc attendre, mais elle en aurait bientôt un avec celui qu’on disait l’homme le plus proche de dieu et cela la ravissait.

Après avoir franchi le Temple du Verseau, demeure de Camus, Shaka s'était empressé de traverser l'antre des Poissons, gardée par Nataniel, un Chevalier qui avait succédé à Aphrodite. L'homme au rosaire ne connaissait que très peu ce douzième gardien, mais ce dernier étant absent, il ne s'en formalisait pas outre mesure. En effet, son unique objectif était d'atteindre Athena afin de s'entretenir avec elle, de la revoir et de lui faire part des débouchés de ses dernières méditations. Sans doute la Déesse avait-elle eu les mêmes visions ou intuitions, d'ailleurs. Au-delà de ça, Shaka voulait également savoir quel était son état. Elle était avant tout une jeune fille insouciante et avec la vie devant elle, il ne l'oubliait pas. Dès lors, séjourner seule au Sanctuaire aussi longtemps avait peut-être eu certaines répercussions sur sa nature humaine. Non pas qu'il la sous-estime ou qu'il s'inquiète à outrance, mais il est assez bien placé pour jauger ce qu'une Déesse doit endurer, qui plus est après des siècles de léthargie. Et il faut dire que les réveils conjugués d'Hadès et Poséidon ne sont pas faits pour atténuer ses soucis.

C'est l'esprit empli de telles considérations que Shaka passe outre le Temple des Poissons et le Palais du Grand Pope, dont le trône est toujours vacant. Il ressent alors de plus en plus le cosmos chaleureux et bienveillant d'Athena, comme un appel du fond du coeur faisant résonner son Armure d'or. On peut alors voir un léger sourire s'esquisser au coin des lèvres de Shaka. Il avait tant attendu ce jour où celle qui l'avait guidé depuis la paume de Bouddha de par la lumière de son sceptre reviendrait et l'appellerait, tout comme les autres Chevaliers. Il avait toutefois décidé de prendre les devants, afin d'accomplir sa tâche au mieux. Pour la première fois depuis son accession à l'armure d'or, Shaka allait pouvoir pleinement justifier son statut et mettre la totalité de son pouvoir entre les mains de celle à qui il avait juré fidélité. Le coeur serré, il passa derrière le rideau de la salle du Grand Pope, se souvenant des dernières paroles que Bouddha lui avait adressées avant qu'il ne quitte l'Inde pour rejoindre le Sanctuaire et ses frères d'armes.

* Shaka ... La justice, le bien, le mal ... Tout cela se retrouve à balancer entre les mains des Dieux, si bien qu'un homme ne peut à lui seul déterminer ce qui est juste ou pas, ni ce qui est bien ou mal. Mais, à chaque fois que tu douteras, la lumière te viendra en aide, elle te guidera. Tu auras beau être aveuglé, tu ne pourras rester insensible à la chaleur de cette lumière radieuse qui brille dans le coeur de chaque homme. Cette lumière émanera également d'une personne que tu seras amené à servir et à protéger. Trouve qui est cette personne et accomplis ta destinée, Shaka. Voilà mon dernier enseignement dans ta vie de civil ... Trouve ta voie et suis la lumière, tu arriveras vers les ruines d'un empire à rebâtir, celui de celle dont je t'ai parlé. Tu seras l'un de ses architectes, en compagnie d'onze autres hommes. Rendez-vous là-bas, Shaka. *

Shaka n'avait, bien sûr, pas saisi pleinement la métaphore utilisée par Bouddha à l'époque, mais il se rendait compte aujourd'hui qu'elle n'était pas du tout innocente et qu'au contraire, elle convenait parfaitement. La croisée des chemins était une nouvelle fois arrivée et la lumière se levait au plus haut dans son coeur, lui rappelant ses convictions et sa foi en cette personne. Récemment, elle lui était apparue mélancolique et pourtant, toujours aussi pleine d'espoir. Elle était différente des autres Dieux en ce sens qu'elle connaissait la compassion et la générosité. Le don de soi était une seconde nature pour elle. Mais au moment où les guerres apparochaient à nouveau, il faudrait être fort et laisser detels sentiments de côté. Aussi, chacun des Chevaliers avait-il fait le serment de la défendre au péril de sa vie. Le sacrifice d'une vie était en effet bien peu en comparaison de la survie de milliards d'être humains. Il y avait bel et bien de quoi en être mélancolique. Obtenir de tels pouvoirs et se voir affublé de tels dons et pouvoirs à la naissance n'aurait, quoi qu'il en soit, servi à rien, si la protection de celle qui portait le poids de la Terre sur ses épaules n'était pas assurée.

Shaka savait parfaitement tout cela, de même qu'il cernait l'implication totale d'Athena dans les affrontements séculaires. Autant elle avait pu apprécier à aimer le genre humain, autant ses fervents défenseurs avaient-ils péri à chaque époque pour l'honneur et la gloire de leur Déesse. Qu'il en aille autrement cette fois n'était qu'un détail. C'est dans cet état d'esprit qu'il arriva aux pieds de l'autel sacré, percevant au loin le cosmos si puissant et chaleureux de la Déesse. Il posa une main sur sa poitrine, son casque sur sa longue chevelure dorée et sa démarche lente et distinguée dura jusqu'à la personne d'Athena. Spontanément, il s'agenouilla une fois qu'il fut près d'elle, seuls quelques mètres les séparant. Il inclina la tête, ferma les yeux de nouveau et posa un coude sur son genou avancé. Sa voix neutre et baignée d'harmonie et de sérénité s'adressa enfin à Athena, l'émotion étant palpable dans son for intérieur.

" Ô Athena, je suis ravi de vous revoir ... Moi, Shaka, ai patiemment attendu ce jour où votre présence et votre cosmos divins pourraient m'apporter la réponse à ma dernière question. Voilà qui est chose faite. Ma présence en votre Temple sacré revêt deux sens. Je voulais, tout d'abord, vous réaffirmer ma fidélité et mon dévouement totaux. Les Chevaliers Camus et Aiolia me prientd'en faire autant en leurs noms. Sachez que vous n'êtes pas seule, vos Chevaliers sont à vos côtés pour vous protéger. "

Il marqua une courte pause, avant de reprendre.

" La deuxième raison qui m'amène à vous est la suivante : j'ai perçu, au travers de mes méditations, la proximité du retour des forces obscures, menaçant la paix sur Terre. Or, pour en assurer la pérennité, nous ne pouvons rester les bras croisés. Néanmoins, j'attends vos ordres et vos pensées quant à cette situation. Il y a notamment cette femme aux pieds du Sanctuaire, Pandore ... "

Shaka resta incliné, impressionné par l'aura pure et douce d'Athena. Il ne dit plus un mot, s'imprégnant de l'essence divine de celle qui se trouvait face à lui. Sans doute était-ce là la réponse qu'il cherchait ... Ce silence était beau, au fond.

Les yeux clos, la pensée dans les étoiles ;Athéna avait le cœur pensif en cette heure, son cauchemar de tantôt lui avait laissé comme un mauvais goût dans la bouche.Que pouvait-il bien signifier ?Elle n’en trouvait pas à cet instant la clé qui lui permettrait de le déchiffrer mais savait eu plus profond d’elle ,qu’il lui en donnerait toute sa signification le moment voulu.Ainsi fut telle ramenée à la réalité par la douceur et la pureté du cosmos de l’un de ses preux chevaliers, quelqu’un en qui elle avait eu toute confiance lorsque leurs regards se furent croisés pour la première fois, quelqu’un qui avait su la comprendre en instant et qui savait qui elle était vraiment au plus profond d’elle-même :une simple enfant.Athéna ne s’en cachait pas au grand contraire cela renforçait même ses idéaux, ainsi qu’une autre notion qui apparaissait dans l’esprit de la jeune femme plus de l’ordre de la certitude que comme quelque chose de chimérique.Tout devait finir à jamais avec elle.En effet, elle ne pourrait tolérer que de nouvelles guerres saintes recommencent à nouveau, pas après tout les morts qu’elles avaient engendré.Génération après génération, tant de chevaliers avaient péri au combat en pensant que cela ne serait plus d’actualité et malgré tout les dieux en avaient décidé fois de plus autrement, elle ne pouvait déshonorerleurs mémoires. Qu’était sa vie en comparaison de cela ?Bien peu, elle périrait qui à amener cette utopie tant désirée par le genre humain, après tout elle était la déesse de la Terre, sa fonction première étant de protéger tout ce qui y vit, alors comment pourrait elle demander à ses chevaliers de mourir pour cela ?Elle savait bien que c’était leur devoir et qu’ils s’étaient tous entraînés avec acharnement en guise d’un jour faire parti de son cor, mais elle si refusait toute fois.Ainsi, elle n’en ferait elle pas part à Shaka comme à aucunes autres personnes également.

D’un pas léger, Athéna revint alors près de la montée des marches qui menait à la statue, gardienne du Sanctuaire, voyant alors petit à petit apparaître sous sa vue joyeuse les formes de la silhouette du chevalier de la vierge.Lorsque tout deux furent à distance respectable, celui-ci s’agenouilla devant elle, réaffirmant par ailleurs sa fidélité et son dévouement envers sa personne, cependant elle était toujours un peu gênée de cette attitude à son encontre par ailleurs , elle qui se voyait comme leur égale , elle ne voulait pas qu’il y est comme un ravin entre eux.Mais qui pouvait-elle ?Bon nombre de fois, elle leur avait demandé de ne pas se conduire ainsi face à elle et bon nombre de fois ils avaient trouvé réponse à lui redire, elle ne voulait pourtant que leur bonheur !Elle prospérait à ce qu’ils vivent comme de simples hommes au lieu de souffrir milles morts, Etait se trop demandé ?

-« Shaka, mon cœur se remplit de joie à votre venue sous peu et je sais maintenant qu’il sera allégé du fait que vous vous portiez bien.De plus je sais que votre fidélité envers moi tout comme celle de vos compagnons est sans faille, j’ai moi-même une totale confiance en vous et ma protection vous est dès lors totalement dévouée.C’est pour cela que je vous demandes si vous le pouvez de remercier les aimables personnes que sont Camus et Aiolia.Car je sais que tout comme vous l’avez dit, je ne suis pas seule dans la mission qui m’a été confiée, mais sachez également que vous non plus n’êtes pas seul, je serais à jamais présente pour vous en cas de doute ou d’incertitude, je serais toujours plus que ravie de vous tenir audience, non pas comme une déesse mais comme une amie. »

Elle marqua une courte pause se rapprochant un peu plus de shaka dont elle fit signe de se relever avant d’ajouter :

-« Je sais que vos propos sont justes , Shaka, j’ai de par moi-même également ressenti cela, et je peux bien vous l’avouez, mes nuits en sont jonchés de cauchemars.Les noirceurs échappées du fond des Enfers sont entrain à nouveau de se déverser sur la Terre, menaçant la paix que nous avons mis tant d’années à acquérir.Nous avons perdu beaucoup trop d’amis, de frères, d’aimés pour qu’une telle guerre recommencent car celle-ci sera peut être la plus terrible que nous aurons à mener. Or, je ne peux permettre que l’un d’entre vous ayez à souffrir mille morts, je sais bien que vous me diriez que cela retient de votre devoir mais sachez que je ne prospère qu’à ce que vous viviez comme de simple hommes..."

La voix légèrement émue, Athéna serra un poing discrètement dans les pliures de sa robe blanche avant de changer de sujet de conversation.

-« Une conseil de la chevalerie serait sans doute la décision la plus appropriée pour le moment, qu’en pensez vous ?Pour ce qui est de Pandore, j’ai pressenti son aura dès que ses pas ont foulé le sol grecque .Néanmoins, je ne perçois en son âme rien de comploteux vis-à-vis du Sanctuaire, je ressens plutôt une peine et une souffrance immense en elle, un passé oublié, une enfance volée….alors je ne penses pas qu’elle soit venue cherchée querelle, de plus Orphée est à ses cotés,et celui-ci semble avoir une confiance ainsi qu’une certaine affection à son égard.Ainsi je vous prierais de les laisser seuls jusqu’au départ de la prêtresse de mon oncle… »

Athéna passa dès lors aux cotés de Shaka se dirigeant vers le bord de la stèle de son temple, regardant en contre bas, elle se demandait encore combien de temps la Terre pourrait elle ressentir la douce brise de la paix, avant que les ombres du tartare ne viennent tout déchirer de leur haine.

Lorsqu'Athena commença à lui répondre et à déverser de tels flots de paroles justes et apaisantes, le Chevalier de la Vierge se mit à sourire en coin, il était visiblement heureux, soulagé, apaisé même de voir à quel point Athena était capable de faire preuve de don de soi et de comprendre ses Chevaliers, leur apportant amour et sérénité de par son aura et ses gestes. Aussi, lorsqu'elle lui dit qu'elle le recevait non pas en tant que Déesse, mais en tant qu'amie, il se releva et la rgearda de ses deux yeux scintillants, son sourire illuminant son visage. Il comprenait une fois de plus pourquoi son destin était lié à cette personne. Non seulement pour la protéger, mais aussi parce que de tous les Dieux, elle était de loin la plus humaine. Bien que certains de ses semblables voyaient cela comme un défaut et une faiblesse, Athena avait continué à garder ce cap contre vents et marées, croyant fermement en la justice qu'elle prônait. Shaka, lui aussi, croyait en l'humanité. Il voulait donner une chance à l'homme de prouver qu'il était à même de rentabiliser au-delà des espérances des Dieux ce que ces derniers lui avaient conféré à l'origine. Et Athena, arrivant à placer foi et espoir en de telles considérations, recueillait à ce titre son admiration et sa considération.

Elle avait beau être très jeune et seule au sommet du Sanctuaire, mais il n'empêche qu'elle venait de lui confirmer que leur présence lui permettait de ne pas se sentir seule dans cette succession de batailles. Après tout, c'est bien le minimum qu'ils pouvaient lui apporter en tant de paix, ce réconfort et cette présence. Ils savaient, à plus forte raison Shaka, combien elle avait pu endurer de peines et de souffrances pour l'humanité, combien de batailles ensanglantées elle avait livrées ... et pourtant, elle demeurait forte, toujours confiante en des temps de paix à venir. Shaka y croyait lui aussi, forcément. Mais il fut quelque peu peiné lorsqu'il remarqua qu'Athena n'avait toujours pas abandonné cette idée d'être la seule à pouvoir mettre sa vie en jeu. Qu'étaient les vies de douze hommes dévouées en comparaison des milliards de vies qui pourraient être sauvées ? Néanmoins, il ne l'interrompit pas et continua à boire ses paroles lui apportant un bonheur des plus indicibles. Il la fixait dans les yeux, voyant ses pupilles dévoiler une profondeur telle des océans. Ses cheveux, eux, battaient l'air sous une douce brise et sa robe d'un blanc immaculé voletait au même gré, tout comme la cape de Shaka. Lorsqu'elle eut fini, il la vit regarder plus bas. Il la sentait soucieuse, c'est pourquoi il arriva à ses côtés et déposa une main chaleureuse sur son épaule frêle, prenant la parole d'une voix amicale et bienveillante, tandis que son regard se plongeait à son tour dans la profondeur du décor.

" Déesse Athena, vos paroles sont comme toujours justes et attentionnées à notre égard, ainsi qu'à l'égard de l'humanité tout entière. Toutefois, il y a un point sur lequel je me permets de régair, si vous ne m'en voulez pas. Vous ditez prospérer à ce que nous puissions vivre comme de simples hommes. Certes, c'est une honorable attention et elle reflète parfaitement votre personnalité et vos convictions, mais ... Chaque Chevalier naît avec cette fierté d'être à votre service. Dès lors, tant que les temps de paix ne seront pas effectifs, nous ne pourrons avoir une telle vie. Je sais que vous êtes prête à vous sacrifier au nom de l'humanité, c'est bien là ce qui vous différencie des autres divinités. Mais n'y a-t-il pas une part de vous qui croit à une victoire sans aucune perte ? Sachez que si vous mouriez, l'idée même de vivre comme de simples hommes nous serait impossible. Nous aurions failli à notre mission et ne mériterions pas de profiter de ce que vous nous auriez apporté. De même, nous ne mourrons pas tant que la menace du mal ne sera pas éradiquée, alors soyez sans crainte. Nous mettons certes nos vies en jeu, mais ce n'est pas un prix cher à payer en comparaison des milliars d'hommes et femmes qui pullulent sur Terre. Et notre désir premier n'est pas de mourir pour vous, mais de vous protéger, ainsi que vos idéaux. La mort n'est qu'une possibilité. "

Il lui sourit en se tournant vers elle et ôta sa main de son épaule, replongeant par la suite son regard en contrebas, avant de poursuivre son monologue.

" Pour le reste, ô Athena, sachez que je ne manquerai pas de transmettre vos pensées à Camus et Aiolia, ils en seront certainement honorés. Quant à l'idée d'un conseil de la chevalerie, il me semble également que l'idée est bien opportune, d'autant plus que nous devrons bientôt élire le nouveau Pope et qu'avoir votre avis à ce sujet serait une bonne chose. Pour finir, j'ai ressenti la même chose que vous à propos de cette personne ... J'ignore quels sentiments l'animent au plus profond de son être, mais elle semble totalement torturée. Il est possible que les forces du Ténèbre n'aient pas toutes perdu cette humanité qui nous différencie d'eux. "

Il sourit alors une nouvelle fois, fermant les yeux et parlant cette fois de façon un peu plus mélancolique, repensant à tout ce qu'il avait vécu en tant que Chevalier depuis le commencement.

" Vous savez, je partage quelque part vore rêve, celui d'aspirer à une vie ultérieure au cours de laquelle batailles et affrontements appartiendront au passé. Une vie qui permettrait à chacun de trouver bonheur, épanouissement et sérénité. Mais dans cette vie, j'espère que vous pourrez profiter de votre existence en tant que Saori Kido, la jeune adolescente qui aura si longtemps porté le poids du monde sur ses épaules. Rien que pour cela, ne pensez plus à mourir, Déesse Athena. "

Shaka se tut alors, rouvrant les yeux qu'il porta en direction d'Athena, son sourire demeurant mélancolique, cr il savait à quel point un tel futur serait difficile à acquérir. Mais au fond de lui, il y croyait.